Jason Fields

« Dans ce palais aux portes closes,
L’âme rêveuse, je vais – je viens,
Mais ne trouve guère aucune chose
Dont la mémoire me parvient.
Toutes les portes me sont fermées,
Où ai-je donc laissé mes clés ?

Par les fenêtres n’arrivent à moi,
Qu’échos divers, bruit de sonnailles,
Les souvenirs de grandes batailles,
Les chants et rires de festin de roi.
Toutes les portes me sont fermées,
Pourquoi ne puis-je donc entrer ?

Puis devant moi je vois passer,
Voix de sirène et dons de fée,
Mon amour aux yeux verveine
Dont le nom même m’est étranger.
Pourquoi ne puis-je te retrouver ?
Mon amante, de moi caché ?

Quel crime donc dois-je expier ?
Pourquoi souffrir tant de tourments,
La mémoire vide, grinçant des dents
Cherchant en vain à me rappeler.
Me rappeler ces portes fermées,
Et pourquoi donc ne puis-je entrer ?

Quand pourrais-je donc, en mon domaine,
L’âme rêveuse, le port altier
Être connu, l’âme seraine,
Comme souverain, me reposer ?

Me reposer en mon grand palais,
Mon beau palais qui m’est fermé,
Là où j’étais roi en mes quartiers
Et ne suis plus guère convié…

Alors je rêve des premiers temps,
Le plus lointain souvenir,
Je parle des premiers temps,
Le plus Ancien Père,
Je chante les premiers temps et l’éveil des ténèbres. »

(adapté de Lledelwin)

Dès sa naissance, Jason Fields était prédestiné à succomber au plus vieux péché de l’humanité, la soif de connaissance. Élève brillant il se détourna des métiers d’avenir pour devenir assistant bibliothécaire à NY et ainsi, pensait-il étancher cette soif.

Il apprit très vite dans ce milieu très fermé où trouver de nouvelles sources de documentation et fut alors remarqué par un homme qui plusieurs fois lui fournit des trésors inestimables. Sous son influence, il se concentra de plus en plus vers les sciences occultes et à maintes reprises le surprit même par sa vivacité d’esprit et ses aptitudes à intégrer cette science un peu spéciale. Il ouvrit plusieurs portes sur des mondes inconnus jusqu’alors, toujours guidé par son amour de la vérité. Sa patience pour ses recherches ne faiblissait jamais, mais le temps est souvent assassin…

Jason mourut un jeudi soir du mois de février de l’année 1987, se tournant vers un autre monde, plus inhumain, plus brutal, plus intense, un monde de ténèbres dans lequel il chercherait la lumière, sa lumière et où le temps serait tenu en laisse…

« Le principal usage que nous faisons de notre amour de la vérité est de nous persuader que ce que nous aimons est vrai. »

(P. Nicole)