À la différence de mon frère Kilic, j’ai un œil vert et l’autre marron. Notre père, Hutgard, me disait toujours que je pouvais lire dans « l’autre côté », ce profond sentiment qui se cachait derrière les mots que nous utilisions. Je sais juste qu’avec le temps j’ai appris à voir et à converser avec les esprits qui nous entourent.
Mon attitude joyeuse et courageuse ne cache pas toujours l’angoisse qui m’envahit quand la Terre qui m’a vu naître est menacée. Je m’exile souvent de longues semaines seule à travers la région où j’étudie les herbes et les plantes, m’adonne aux plaisirs de la lecture et de la musique et rencontre les esprits de la région. J’aborde la vie avec plein d’entrain et un plaisir infini, essayant d’être très peu arrogante et humble malgré les dons reçus de mon exaltation. J’essaye de protéger Beauprésage de ses ennemis et aider les jeunes malheureux. La tristesse des gens honnêtes est la seule chose qui me contrarie, travailler à rendre les autres heureux me donne toute la force nécessaire pour avancer dans la vie.
Les habitants de Beauprésage me considèrent comme leur guérisseuse, leur sage-femme et leur herboriste locale, ainsi que comme une sœur paysanne qui se joint toujours à eux lorsque le temps des récoltes arrive. Les habitants me conduisent les blessés et les malades – quelle que soit l’heure. J’aime à toujours les accueillir avec un sourire et une main chaleureuse. Les enfants m’aiment, les gens du peuple m’adorent et il est dit que les esprits m’ont donné de nobles titres qui n’avaient jamais été accordés auparavant à un humain.
Tout cela me pèse, moi qui n’était qu’une jeune chaman de la région. Je me dois d’assumer ces nouvelles responsabilités, et je ferais tous ce qui est dans mon pouvoir pour faire des Terres Pourpres un idéal harmonieux entre la nature et l’humanité.
Les autres exaltés peuvent être plus puissants ou plus sages, mais aucun n’aime ses Terres autant que moi et représente la perfection de l’enseignement et de l’inspiration que m’inspire cette région. »